Magali Guilbault

Magali Guilbault

Bio de Magali Guilbault

Magali tranche son monde par intérêts, comme un livre dont les chapitres se lisent peu importe l’ordre. Ayant étudié en linguistique appliquée, elle jongle avec les domaines qui incluent son dada : la langue, sa multiplicité, ses contacts, son usage. Elle est impliquée dans plusieurs collectifs, principalement dans son quartier Centre-Sud, qui vont de l’apiculture urbaine à la sécurité alimentaire en passant par la sexologie inclusive. Sa poésie respire à coups d’images, de sonorités et de figures de style déstructurées.

Démarche

Ma conscience poétique est toujours en éveil, encline à s’exprimer, voire plus que moi. Ainsi, l’écriture automatique m’inspire beaucoup. Les sons laissent place au sens. Mes thèmes principaux sont la libération dans un axe de réappropriation de son corps, d’ouverture des voies sensorielles et sexuelles multiples, la nostalgie, la temporalité éclatée. La syntaxe joue un grand rôle dans mon processus créatif, elle peut y être antiproductive. Les adjectifs ne sont plus seulement adjectifs, les cooccurrences n’ont plus de limites. Mon rapport à la langue et au genre est peu contraint, puisque par moi ils ont une nature humaine, ils peuvent être de toutes formes.

Présentation de l’oeuvre : « La Page blanche » est un poème en prose représentant lui-même un combat anticonformiste, une résistance aux mains étouffantes, au vocabulaire manquant, à la visibilité (artistique), à l’aliénation, aux tabous ou à la gêne. Comme ce poème date déjà de plusieurs années, il m’apparaît lui aussi comme une résistance au temps qui passe. L’extrait choisi est les deux dernières phrases du poème, qui contrairement à une fermeture, ouvre sur le dialogue, l’inclusion et la résistance conciliante permise par l’union.


Texte sur la résistance:

La page blanche

Je te sens dans mes doigts. De ta couleur, se voulant représenter la liberté, tu daignes cracher sur ce mot qui conduit les nations. De ta couleur, se voulant représenter la pureté, tu daignes coincer ma pensée sous ton âcre pesanteur qui vide ce qui a de bon en moi, en nous. Je voulais parler, mais ta main, comme sur ma bouche, retient les mots. Ces mots qui voudraient être criés sur les toits où la noirceur empêche de les lire. Tu paralyses l’essence de mon être, seuls mes yeux jouent encore de leur fonction. Mes sens sont obstrués et tu combles l’espace entre mes doigts non comme un doux amant, mais avec de trop larges jointures qui recouvrent et cassent mes doigts, alors qu’ils tentent de faire ce que je crois bien. Laisse-moi te teinter de mes caractères noirs et rend fébrile mon esprit qui veut toucher et effleurer la paix. Je veux sentir en mes doigts le pouvoir d’une parole muette qui vient au secours des êtres perdus comme nous.


Découvrez l’extrait du texte de Magali Guilbault au Parc des Faubourgs (coin Ontario et de Lorimier).

 Cette oeuvre littéraire fait partie de la 3e édition d’Une vitrine sur les faubourgsExposition Résistance.

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